Jeunesse passée à Evry, éducateur à Grigny mais pourtant bien “catalogué Brétigny” comme il le dit lui-même ! Gailord Bwasi ne réfute aucunement cette étiquette, bien au contraire, il en est fier, et nous offre le témoignage du parcours d’un joueur amateur en Ile-de-France, qui a fini par marquer le CS Brétigny football, où il a passé six saisons…
Après avoir abordé son parcours jusqu’à son arrivée en seniors au CS Brétigny football, Gailord revient sur ses souvenirs au club…
Te souviens-tu de tes débuts avec le CS Brétigny ?
Ça a mis un peu de temps au début. Le temps que la licence se fasse et, après, je me suis blessé avant de revenir en réserve où j’ai eu un choc tête contre tête avec Nicolas Pirlot (ndlr : également passé par le club). Je n’ai pas pu jouer jusqu’en janvier et c’est là que durant la trêve, Raymond (Sebas) me dit “vois avec Didier, il va y avoir un remaniement d’effectif en équipe première”. Pendant la trêve donc, je vais avec l’équipe première à Auxerre pour un match amical, où ça se passe bien. Après, on joue contre le PSG, qui avait fait redescendre des U19 nationaux très forts, je suis titulaire et on gagne 2-1. A partir de là, je n’ai plus quitté l’équipe première. J’ai gagné ma place dans le groupe ce jour-là, au Camp des Loges, je pense.
Quels sont tes meilleurs souvenirs à Brétigny ?
Il y en a plusieurs. Le meilleur, c’est peut-être durant ma première saison, en 2009-2010, quand on termine 1er à égalité avec Versailles, grâce à 10 victoires consécutives je crois. Il y a eu un match fou à Antony. On dominait le match mais on était menés 2-0 à la mi-temps. Ça jubilait en face et là, je me suis dit “je ne peux pas laisser faire ça” (rires). A la pause, Didier nous dit “ne vous énervez pas les gars, vous allez gagner”. On revient vite à 2-2 grâce à Mohamed (Benjari) et Abé (Camara) et, à la dernière seconde, Abé marque le 3e but (3-2). Ce match-là fait qu’il y a eu un déclic et on a enchaîné 10 victoires. On a fini à égalité avec Versailles à la 1re place mais c’est Versailles qui est monté et c’est la seule année, en DSR, où le 2e n’est pas monté…
Un autre grand souvenir, c’est la Coupe de France, en 2011 contre Fleury. On avait éliminé le Racing au tour précédent et j’étais blessé aux adducteurs. Le week-end d’après, j’ai juste joué une minute et la semaine avant Fleury, j’ai eu une préparation spéciale, où je m’entraînais avec les U19 le matin et le soir avec les seniors. Pour reprendre du rythme. Fleury, on se disait que c’était quelque chose quand même, ils jouaient en CFA2, il y avait Regragui, Dogbé… Ça avait parlé un peu avant le match dans les médias, les relations entre les deux clubs, que Brétigny formait aussi pour Fleury, etc. On savait que ça allait être compliqué mais on n’avait pas peur non plus, on était sereins. Et dès les premières minutes, on a senti qu’ils n’étaient pas dedans. J’étais au marquage de Dogbé et je me suis dit “ou c’est moi qui suis vraiment devenu bon ou ils n’y sont pas du tout”. Ça devait être un peu des deux (rires) et on s’est logiquement qualifiés (3-1).
Toujours en Coupe de France, je me souviens du match contre Jura Sud, devant Doudou Faty. Il a fait une surprise car il jouait en Chine à ce moment-là et au téléphone, il m’avait alors juste dit “peut-être” quand je lui avais demandé s’il pouvait être présent. Et le match approchait et il ne me répondait pas ! Je revois encore Didier (Brillant) me demander si c’était OK pour le coup d’envoi avec Jacques, mais je ne pouvais pas lui répondre (rires). Et là, alors qu’on sortait pour l’échauffement, je vois qu’il est là ! C’était une belle surprise, ça m’a fait plaisir. Malheureusement, on s’est fait éliminer aux tirs-au-but (1-1, 4 t.a.b. à 5) et c’est moi qui ai convaincu Mohamed (Benjari) d’aller frapper le dernier tir au but alors qu’il n’était pas chaud. C’est le foot…
Un dernier souvenir, c’était un match à Melun lors de la saison 2011-2012. C’était même lors de la 1re journée de cette saison-là. Et on perdait 3-0 au bout de 30 minutes ! On était parvenus à revenir à 3-2 avant la mi-temps mais on a tout de même pris une de ces soufflantes durant la pause !!! Didier (Brillant) a crié comme jamais (rires). Il en a même cassé le tableau. Puis il a direct dit “sortez du vestiaire, retournez sur le terrain”. On l’a rendu fou plus d’une fois lors de mes six saisons mais ce jour-là, il a pété les plombs comme jamais (victoire finale 4-3 de Brétigny).
Vu tous ces souvenirs, on peut dire que le CS Brétigny est un club qui compte pour toi…
C’est tout simplement le club pour lequel j’ai le plus d’affection, le club que je porte dans mon cœur. La preuve, je suis « catalogué Brétigny” de toute façon maintenant alors que je ne suis pas de la ville. Je suis susceptible d’y retourner un jour, j’espère.
Avec ton regard mi-interne, mi-externe, que manque-t-il à Brétigny ?
Des moyens (rires). Déjà, il faut dire que ce n’est pas facile de durer dans le foot aujourd’hui, même au niveau DSR/DH. Il suffit de voir l’évolution de clubs comme Saint-Leu, Vincennes, Corbeil plus loin. Même Evry a du mal aujourd’hui.
Et au niveau du foot de jeunes ?
A mon époque, niveau jeunes, il n’y avait que trois gros clubs en Essonne (Brétigny, Evry, Viry), même si Brétigny a vite pris le dessus avec toutes ses équipes au niveau national. Aujourd’hui, on a d’autres clubs qui veulent grandir aussi. Rien que le fait de vouloir parler à un joueur devient compliqué, c’est dire…
Au final, que retiens-tu de ton passage à Brétigny ?
Qu’on a aussi créé quelque chose de fort. C’est au-delà du foot, je considère beaucoup de joueurs comme faisant partie de ma famille. Avec Bakari Koïté, humainement il y a tout de suite eu quelque chose d’ailleurs, même lorsqu’on était adversaires, on pouvait discuter dix minutes après les matchs. En tant que coéquipier, une vraie amitié s’est nouée. On s’envoie encore des textos tous les jours, on s’est invités à nos mariages respectifs… On est un petit groupe avec Géraud (Nsélé), Maikol (Monteiro), Gnahoa (Blazi), Mohamed (Benjari), Bazu (Kanté), Kamal (Itrisso), Ryiad (Naïm), Ibou (Gomis) à avoir une grosse relation. Je n’oublie pas qu’ils ont tous été là pour moi en 2013 au moment du décès de mon père. C’est une vraie amitié, créée à Brétigny, et c’est marrant parce qu’on a grandi, aujourd’hui on est pratiquement tous père de famille, mais on continue de délirer comme avant.
Quel est le meilleur joueur avec qui tu as évolué ?
Bakari (Koïté), qui à mon sens, aurait pu être pro. Il y a aussi un facteur chance qu’il n’a pas eu. Comme je suis croyant, je vais dire que ce n’était pas son destin. Mais sinon, il est au-dessus.
En termes de progression, je pense que c’est Maikol (Monteiro). Il partait de très loin, il ne m’en voudra certainement pas de dire qu’il ne savait même pas jongler. Ça doit être une leçon pour beaucoup. La notion de travail est forcément très importante dans le football, il ne faut jamais l’oublier, quel que soit son talent. »
Merci à Gailord pour sa disponibilité.