Il est arrivé au club alors qu’il avait 14 ans. Il en a aujourd’hui 24, et Bruno Crail évolue désormais avec les Seniors en National 3. Du jeune qui rêvait « de rejoindre un club pour se confronter au haut niveau », rêvant d’intégrer les Sections sportives du club, à l’actuel latéral de l’équipe première du club, il s’en est passé des choses…
« Bruno, déjà, qui plus est vu la situation actuelle qui touche tout le monde, comment vas-tu ?
Ça va. J’ai la chance que tout aille bien et que mon entourage et moi-même soyons pour l’instant épargnés. On fait pour le mieux, en respectant au maximum les gestes barrières. Je sais que certains vivent ou ont vécu des moments compliqués… On espère que la situation va s’améliorer et c’est ce qu’on peut souhaiter à tout le monde, de retrouver une vie normale le plus rapidement possible.
Et d’un point de vue sportif, comment vis-tu cette période d’arrêt des compétitions ?
Les joueurs, comme le club, devons nous adapter à cette situation. On a donc des entraînements le week-end, sans contacts, mais avec des ateliers nous faisant travailler tactiquement ou du perfectionnement technique. En semaine, j’essaye de m’entretenir avec des programmes transmis par le préparateur physique (Baptiste) ou Didier, à base de circuit training ou footing.
Mais c’est toujours un plaisir de revoir tout le monde le week-end, où on peut bosser encore plus certains points, comme les centres pour moi, où je ne suis pas très régulier (sourire). Je peux faire un centre comme à Saint-Brice il y a deux saisons pour la tête de Mamad’, tout comme, plus souvent, des centres ratés (rires). Ces exercices me permettent d’améliorer mon jeu.
Cette situation particulière a aussi renforcé le groupe je pense. L’état d’esprit est vraiment sympa, le groupe vit bien, on est comme une petite famille. C’est donc toujours plaisant d’aller à l’entraînement car on sait qu’on va bosser mais tout en passant un bon moment avec une bande de potes. Ca fait du bien dans cette période compliquée, sans match.
Ta dixième saison au club est tout de même bien particulière…
Ça fait dix ans (rires) ? Ça va alors, ça veut dire que je me sens bien où je suis donc je ne vois pas le temps passé. Et comme le club évolue bien, pourquoi j’irai ailleurs ? Mais c’est vrai que lorsque je vois le sport-études à l’entraînement à côté parfois, ça me rappelle des souvenirs et ça commence à me vieillir un peu (rires). Mais je vois aussi l’évolution du club. On a eu des résultats incroyables ces dernières années quand même ! La montée de DSR en DH, alors que ça faisait longtemps que le club approchait ce niveau, puis une seule saison en DH pour monter en National 3, pour la première fois de l’Histoire du club… C’est beau.
Et le club arrive donc à être au haut niveau à la fois chez les Seniors et toujours chez les jeunes, c’est fort ! Je sais que ça demande un gros travail au club !
Tu te voyais être encore à Brétigny 10 ans plus tard quand tu y es arrivé à 14 ans ?
J’ai toujours été fidèle, même si je ne suis pas à côté. J’ai souvent eu des remarques « pourquoi tu continues à Brétigny, c’est loin de chez toi (Bobigny) ? » Je fais de la route mais, malgré tout, je suis content d’être là. J’ai la confiance de Didier, il me permet de m’améliorer et de progresser. Je sais que je ne fais pas de la route pour rien. Je suis tout simplement bien ici. Et je disais que le club se développait en plus… on en a eu l’illustration avec les deux nouveaux terrains synthétiques tout beaux. J’apprécie l’environnement, le coach, le staff technique… Le kiné aussi, Samuel me connaît bien, il connaît mon corps, ça aide…
Tu évoquais les montées des dernières saisons en Seniors, ressens-tu une différence de niveau entre la DSR quand tu es arrivé en Seniors et la Nationale 3 ?
Oh que oui, il y a une grosse différence. En R1 (ex-DH) voire en R2 (ex-DSR), c’est la guerre au niveau des duels, c’est très « charbon » comme on dit, avec beaucoup de contacts, qui plus est dans notre région, en Ile-de-France, où c’est l’une des caractéristiques, avec beaucoup d’impacts et d’intensité. En National 3, c’est plus tactique. Plus technique aussi. Il y a la présence de réserves pro, de gros clubs. Il y a aussi des clubs qui ont des individualités qui ont le niveau pour aller jouer bien plus haut, on a pu le voir cette saison avec l’attaquant du Racing (Mustapha Sangaré) qui a signé un contrat pro.
Monter de R1 en N3 est déjà très dur, mais après, les chiffres le montrent, il ne faut surtout pas te croire arrivé parce que tu es monté car sinon tu vas vite redescendre. Sur tous les plans (rires). L’Ile-de-France est le plus gros vivier de France voire du monde, ça montre aussi à quel point c’est dur. Lors de notre première année en National 3, j’ai vraiment vu que c’était un autre monde, qui n’avait rien à voir avec la Régional 1, en termes de qualité mais aussi d’environnement… C’est intéressant, c’est un truc à vivre. Mais du coup, ça suppose d’être encore plus concentrés et rigoureux durant les matches. J’espère qu’on pourra rester longtemps à ce niveau.
Quels sont les points à améliorer pour y parvenir ?
Améliorer notre efficacité, avoir le goût de la bagarre, être solidaire et punir l’adversaire quand on le peut. On doit aussi être moins gentils, moins naïfs et plus réguliers. Contre le Racing par exemple, on a mené au score mais après on s’est relâchés et on leur a permis de revenir. Avant de lâcher pendant quelques minutes. A ce niveau, tu ne peux pas… On a vu qu’il y avait de l’amélioration à Créteil, et que ça allait mieux sur ce plan. On s’est battus pour aller chercher le point du nul, et vu le contexte, c’était un bon résultat.
Après, en Seniors, quand on joue en National 3, il faut travailler, travailler, travailler… Vu le niveau, s’il y a un relâchement à un moment donné, tu es mort. Individuellement, ça suppose d’être sérieux au niveau de ton alimentation ou du repos. C’est Guy Roux qui le répétait et qui parlait de l’importance de l’entraînement invisible, comme boire de l’eau, bien s’étirer, faire attention à son alimentation… Au fil de l’âge, tu es obligé de prendre bien ça en considération. Et on m’a transmis tout ça à Brétigny. Le fait d’être dans une structure comme le club possède, avec le sport-études, l’internat, m’a aidé à me rendre compte de l’importance de tout ça.
Le fait de jouer à haut niveau t’oblige à être le plus sérieux possible au niveau du sommeil, de la nutrition, car en face les adversaires seront affûtés et on doit donc répondre au défi physique qui va être imposé. Après, une fois de temps en temps quand même, faut savoir s’amuser (rires).
Deuxième partie de l’interview à suivre…
Merci à Bruno pour sa disponibilité.