Sélectionné 25 fois en équipe nationale de Guinée, passé par Rouen, Guingamp, Angers et la Belgique, Ibrahima Diallo (32 ans, voir sa fiche ICI) a fini sa formation au CS Brétigny avant de rejoindre le monde professionnel. Aujourd’hui en retraite sportive, en raison notamment de blessures au genou, il se souvient bien de son passage au CSB… Première partie à lire ICI
As-tu un souvenir particulier, une anecdote, qui t’a particulièrement marqué durant ton passage au CSB ?
Oui, la fois où Didier m’a dit que j’allais jouer à gauche. Ca m’a fait cogiter, et même si ce n’est pas mon genre, je suis allé le voir en lui disant « coach, jouer à gauche, je ne le sens pas, ce n’est pas bon pour moi, ça va être compliqué, laissez-moi à droite ». Il m’a rassuré, m’a dit de jouer comme d’habitude et vraiment mis en confiance et, pour mon premier match à gauche, j’ai marqué en faisant un bon match contre Beauvais (3-1 au stade Maurice Boyau). Derrière, je n’ai plus voulu rejouer à droite (rires). Didier a une grande part de responsabilité dans ma carrière, c’est l’entraîneur qui m’a permis de prendre confiance en moi et qui m’a lancé pour la suite.
Il m’a tellement apporté qu’une fois, j’étais revenu m’entraîner avec lui avant de jouer avec la Côte d’Ivoire. J’allais jouer face à Kader Keita, l’un des meilleurs dribbleurs que j’ai eu à affronter… J’étais venu voir Didier pour lui demander si je pouvais travailler avec son groupe et garder le rythme. C’était en 2010 quand je n’avais pas encore resigné pour un club belge.
Justement, quel a été ton parcours après Brétigny ?
Après ma saison ici, j’avais signé à Rouen, qui était alors en Ligue 2 mais qui descendait en National. J’ai fait une bonne saison et j’ai rejoint Guingamp, où là, c’était dur en raison de la concurrence avec Arnaud Le Lan. Lui, il ne lâchait jamais rien (rires). Et la fois où il s’est blessé… je me suis également blessé. Pas de bol sur le coup. Je suis alors parti en Belgique, durant six ans, c’était une très bonne expérience malgré deux ruptures des ligaments croisés qui m’ont un peu freiné. Entre-temps, je suis devenu international. J’ai disputé la Coupe d’Afrique des Nations en 2012 où la Guinée était avec le Ghana, le Mali et le Botswana. C’était génial de disputer la plus grande compétition du foot africain, c’est un super souvenir. Ensuite, j’ai signé à Angers où j’ai évolué quatre ans.
Avec ton expérience, as-tu un conseil à donner à un jeune footballeur ?
D’être patient. A 12 ou 14 ans, tu n’as pas besoin d’avoir un agent. Juste profite, prends du plaisir ! C’est se tromper de penser déjà, si jeune, à comment tu vas faire carrière… Il faut laisser grandir les enfants, les laisser prendre du plaisir, garder leur innocence. Jeune, j’avais un conseiller moi aussi, mais c’était trop tôt et ça ne sert à rien. Surtout que, parmi les agents, il y a beaucoup de charlots qui mettent des choses dans la tête des gamins et si ça se passe mal derrière, ça va être très compliqué pour le gamin, qui ne va pas comprendre. Car si ça ne se passe pas bien, là, l’agent, tu ne le vois plus, fini. Il faut avoir la lucidité de se dire, « j’y vais mais doucement ». Comme je le disais, il faut être patient, le foot va vite mais dans les deux sens.
Moi aussi, je n’ai pas été très patient et je voulais tout, tout de suite. Avec du recul, j’aurais dû rester encore un peu à Guingamp (où j’évoluais principalement en CFA 2), et j’aurais peut-être pu faire une meilleure carrière.
C’était déjà comme ça à ton époque ?
Un peu déjà, ça commençait mais maintenant c’est bien pire. Les gens ne se rendent pas compte. Des Mbappé, des Dembélé, il n’y en a pas beaucoup mais trop de gens croient trop que le prochain sera leur fils. Je suis allé voir un tournoi de jeunes en région parisienne il y a peu et il y avait des parents qui tenaient un discours envers leur fils ou même l’éducateur… pff les gens sont fous à ce niveau, laissez-les tranquilles ! Il faut y aller doucement, ne pas mettre trop de choses dans les têtes des gamins. L’entourage est primordial dans le milieu du foot, qui est très spécial. C’est vite très compliqué si tu n’es pas bien entouré. »
Merci à Ibrahima pour sa disponibilité.